Les trames verte et bleue

Mis à jour le 27/10/2017

Issue des travaux du Groupe 2 du Grenelle de l’environnement (« Préserver la biodiversité et les ressources naturelles »), la proposition de mettre en place un réseau écologique national, dénommé « Trame verte et bleue » (TVB), a été considérée comme une priorité, inscrite aujourd’hui dans la loi portant engagement national pour l’environnement (dite loi Grenelle n°2) en ces termes (article L. 371-1 du code de l’environnement) :

La trame verte et la trame bleue ont pour objectif d’enrayer la perte de biodiversité en participant à la préservation, à la gestion et à la remise en bon état des milieux nécessaires aux continuités écologiques, tout en prenant en compte les activités humaines, et notamment agricoles, en milieu rural.

A cette fin, ces trames contribuent à :

  • -  diminuer la fragmentation et la vulnérabilité des habitats naturels et habitats d’espèces et prendre en compte leur déplacement dans le contexte du changement climatique ;
  • -  identifier, préserver et relier les espaces importants pour la préservation de la biodiversité par des corridors écologiques ;
  • -  préserver les zones humides … ;
  • -  prendre en compte la biologie des espèces sauvages ;
  • -  faciliter les échanges génétiques nécessaires à la survie des espèces de la faune et de la flore sauvages ;
  • -  améliorer la qualité et la diversité des paysages.

Principes

Pour comprendre l’enjeu, il convient d’accepter que la notion même de "biodiversité" ne se limite pas à un catalogue du vivant, mais doit s’appréhender comme un réseau complexe ou chaque organisme, chaque espèce, occupe un carrefour et interagit de façon permanente avec d’autres êtres vivants, pour former un maillage multidimensionnel, constituant ainsi le tissu vivant de la Terre.

Mais, par son impact grandissant sur la nature, l’Homme démaille progressivement cette couverture vivante, mettant en péril les espèces qui ne peuvent plus rester en interaction (au-delà de la destruction pure et simple d’écosystèmes et de la disparition des espèces qui leur sont inféodés).

Aussi, créer une trame verte et bleue (TVB), c’est en quelque sorte reformer les mailles, reconstituer le réseau, reconnecter les espèces entre elles et faciliter à nouveau leur déplacement. Mais c’est aussi laisser plus d’espace au patrimoine naturel et agir en faveur de sa préservation. Une telle démarche nous impose à revisiter nos propres territoires avec un regard plus écologique, à imaginer une autre forme de développement, un autre modèle d’agriculture, etc.

L’architecture de la TVB

De façon concrète, la réalisation d’une trame verte et bleue consiste dans un premier temps à identifier les secteurs du territoire où se situe naturellement la plus grande concentration de biodiversité, espaces où les espèces assurent la plus grande partie de leur cycle biologique (on parle alors de "réservoir", de "cœur", ou encore de "noyau" de biodiversité). On retiendra par exemple des massifs forestiers, des grandes zones humides, des parties de cours d’eau, des espaces protégés, des milieux naturels remarquables, etc.

Dans un second temps, l’attention est portée à l’existence (ou non) de liens entre ces réservoirs de biodiversité. On parle alors de "continuités", de "corridors" écologiques, véritables axes de communication, plus ou moins larges, continus ou non, empruntés par la faune et la flore et permettant donc les échanges entre les réservoirs de biodiversité. Haies, ripisylves (végétation bordant les cours d’eau), bosquets, mares, bandes enherbées le long des cours d’eau, chemins ruraux, canaux, etc., peuvent constituer autant de corridors fonctionnels.

Si, pour les premiers (généralement déjà connus et inventoriés et qui vont constituer les zones nodales des trames écologiques), les efforts doivent porter sur leur gestion patrimoniale et leur préservation (en évitant aussi leur fragmentation, par de nouvelles infrastructures linéaires ou par l’urbanisation), les seconds doivent surtout faire l’objet d’un positionnement précis dans le paysage (rechercher et identifier les connectivités écologiques encore disponibles) et, dans bien des cas, d’un renforcement ou d’une restauration (afin de recréer les couloirs de circulation pour les espèces).

Une imbrication d’échelle

Pour sa mise en œuvre, trois niveaux d’intervention vont être mobilisés :

  • au niveau national, l’Etat va élaborer les grandes orientations nationales (mais aussi transfrontalières) pour la préservation et la remise en état des continuités écologiques. Il apportera aussi un appui méthodologique à l’élaboration des trames verte et bleue ;
  • les orientations nationales de la TVB se déclineront ensuite au niveau régional par la réalisation du schéma régional de cohérence écologique (SRCE). Elaboré conjointement entre l’Etat et la Région (avec l’aide d’un comité régional ''Trame verte et bleue''), soumis à enquête publique, ce SRCE présentera les enjeux régionaux à prendre en compte et proposera un premier niveau de maillage écologique à l’échelle régional ;
  • enfin et surtout, les acteurs locaux vont devoir s’emparer de cette politique. En concertation et au plus près du terrain, les collectivités devront prendre en compte le  SRCE, principalement lors de l’élaboration ou de la révision de leurs documents de planification (carte communale, PLU, SCOT).

 Romaric PIERREL/DDT 57/SAB/PNB/17 août 2010