La féminisation dans la gendarmerie

Mis à jour le 26/09/2018
Depuis plus d’une trentaine d’années, les postes dans la gendarmerie se sont progressivement ouverts aux femmes.

D’abord autorisées à occuper des postes de soutien administratif, puis de terrain, elles ont désormais accès à la totalité des métiers de la gendarmerie, y compris les plus spécialisés. Aujourd’hui, les femmes représentent 18 % des effectifs. Particulièrement nombreuses dans le corps des sous-officiers de gendarmerie, elles occupent principalement des postes à l’État-major, dans l’administration centrale, les renseignements et les brigades. Au sein du Groupement de gendarmerie départementale de la Moselle, 29 % des effectifs sont féminins. 3 des 6 compagnies de gendarmerie du département sont d’ailleurs dirigées par des femmes.

Nous avons recueilli le témoignage de la cheffe d’escadron Aurore RIGAIL qui a pris le commandement de la compagnie de Boulay-Moselle début août...

Quelles formations avez-vous suivies ? Quel est votre parcours professionnel ?

« Après avoir suivi une formation universitaire en Droit pendant 4 ans et obtenu un DESS en Droit et Stratégie de la Sécurité, je suis entrée en gendarmerie en présentant le concours externe ouvert aux universitaires. À l’issue de ma formation initiale de 2 ans à l'École des officiers de la gendarmerie nationale en 2006, j'ai assuré le commandement de la brigade territoriale autonome d'Ars-sur-Moselle. Après 4 années à la tête de cette unité, j'ai rejoint en 2010 l'École de gendarmerie de Châteaulin en qualité de commandant de la 1ʳᵉ compagnie d'instruction pour assurer la formation d'élèves-gendarmes. Puis en 2014, j'ai été affectée au cabinet-communication de l'École des officiers de la gendarmerie nationale à Melun jusqu'au 1er août 2018 où j'ai été appelée à prendre le commandement de la compagnie de gendarmerie de Boulay-Moselle. »

Quelles difficultés avez-vous rencontrées en tant que femme gendarme ?

« J’ai très peu rencontré de difficultés liées au fait d'être une femme. Lors de mes différentes affectations, j'ai pu être confrontée à une forme de surprise de la part des partenaires, ayant jusque là plus souvent été habitués à un commandement masculin. Cependant, cela n'a que très rarement été un frein, et rapidement, la personnalité et les compétences professionnelles prennent le dessus. En interne, le processus a été le même avec mes différents subordonnés. J'ai même pu constater à de nombreuses reprises que le fait d'être une femme favorisait le contact vis-à-vis des différents partenaires. Certes, il existe encore certains récalcitrants de tous grades hostiles à l'exercice du commandement par une femme, mais ceux-ci sont heureusement marginaux. »

Que pensez-vous de la féminisation de la gendarmerie ?

« Je pense que l'institution est en avance sur ce point-là. Bien que la féminisation de la gendarmerie ne date que des années 80, les femmes ont su rapidement trouver leur place, accompagnées par des mesures internes. Les perspectives de carrière, les conditions d'emploi et l'accès aux responsabilités montrent une égalité entre hommes et femmes aujourd'hui. Le faible nombre de femmes ayant accédé aux plus hautes responsabilités est la résultante à la fois d'une entrée récente des femmes dans l'institution et d'un plafond de verre, c'est-à-dire l'autocensure de femmes pour des raisons personnelles tenant à la gestion de leur vie privée, car gérer parallèlement une carrière et une vie de famille épanouie est un véritable défi quotidien. La différence d'il y a quelques années, à mon sens, est que cela représente également un défi pour les hommes de ma génération aujourd'hui. »