Inauguration des premiers vitraux du XXIe siècle de la cathédrale de Metz

Mis à jour le 18/10/2022

La cathédrale Saint-Étienne de Metz accueille de nouveaux vitraux créés par l’artiste coréenne de renommée internationale Kimsooja dans le cadre d’une commande publique. Le jeudi 15 septembre 2022, l’inauguration a été présidée par Laurent Touvet, préfet de la Moselle, Philippe Ballot, évêque du diocèse de Metz, en présence de Christelle Creff, directrice régionale des affaires culturelles du Grand Est, François Grosdidier, maire de Metz, de nombreuses personnalités et élus, ainsi que d’une délégation de l’ambassade de Corée.

Kimsooja propose une œuvre abstraite conçue comme une expérience sensible reposant sur la couleur et les variations lumineuses au cours de la journée et des saisons. Les vitraux qui prennent place dans les baies du triforium du bras sud du transept ont été réalisés en collaboration avec le maître-verrier français Pierre-Alain Parot, en alliant verre soufflé et verre dichroïque. Ils dialoguent et s’harmonisent avec les nombreux et remarquables vitraux existants, tout en respectant le caractère cultuel de l’édifice. L’artiste a choisi de conserver le motif des verres losangés, semblables à l’existant. Les couleurs des verres se réfèrent aux couleurs traditionnelles du spectre des couleurs en Corée, Obangsaek, représentant les directions et éléments cardinaux.

Afin de mettre en place ces vitraux, les maçonneries et sculptures extérieures ont bénéficié d’une restauration sous la direction de Pierre Dufour, architecte en chef des monuments historiques.

Après la mise en place d’échafaudages, les travaux ont été réalisés. Les maçonneries ont été nettoyées par micro-gommage. L’ensemble des joints ont été piochés et refaits. L’ossature en pierre des baies destinées à recevoir les vitraux a été restauré. Une fois les vitraux mis en place, les joints permettant l’étanchéité et la fixation des panneaux ont également été réalisés.

Le décor sculpté a également fait l’objet d’une attention particulière. La fragilité et le fort encrassement de certains chapiteaux sculptés ont nécessité le recours à un nettoyage au laser.

L’installation des vitraux dans le bras sud du transept de la cathédrale fait suite à une commande artistique publique initiée par l’État (ministère de la Culture – direction générale de la création artistique / direction régionale des affaires culturelles du Grand Est) à l’occasion des célébrations des 800 ans de la cathédrale.

Le soutien à la commande publique artistique concrétise la volonté du ministère de la Culture de diffuser la création contemporaine dans l’espace public en permettant aux artistes de réaliser des projets inédits.

Ce projet s’inscrit dans la lignée de réalisations du XXIe siècle confiées à des artistes contemporains engagée depuis 2010. Dans le Grand Est, des cathédrales prestigieuses ont précédemment bénéficié de la création de nouveaux vitraux, comme ceux de Véronique Elléna à Strasbourg.

Une dynamique de création s’était déjà illustrée à la cathédrale Saint-Étienne de Metz, dans un monument historique classé intégrant des éléments anciens et contemporains, avec l’intervention de l’artiste-designer suisse Mathias Bonetti, qui conçut un nouveau mobilier liturgique dès 2006.


Inauguration des vitraux réalisés par l’artiste Kimsooja
Cathédrale de Metz, 15 septembre 2022
Allocution de M. Laurent Touvet, préfet de la Moselle

Monseigneur,
Madame Kimsooja,
Monsieur le député,
Madame la vice-présidente du conseil départemental,
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les élus,
Excellence, Monsieur l’ambassadeur de Corée,
Messieurs les membres du chapitre de la cathédrale,
Madame la directrice régionale des affaires culturelles,
Mesdames, Messieurs,

L’œuvre que nous inaugurons aujourd’hui clôt les célébrations des 800 ans de la cathédrale de Metz, cycle amorcé fin 2019 et dont le déroulement a été perturbé par la crise sanitaire.

Je souligne l’ambition et l’excellence des réalisations qui auront marqué ce 8e centenaire. Je salue tous les partenaires : l’évêché et le clergé affectataire, la ville de Metz, le département de Moselle, la région, ainsi que bien sûr les équipes de l’État : préfecture et DRAC direction régionale des affaires culturelles qui exercent de belles responsabilités : veiller à la pérennité, la sécurité et l’embellissement de cette cathédrale, propriété de l’État.
Ce matin, c'est le vitrail qui est à l’honneur, et quel meilleur lieu que la « lanterne du Bon Dieu », la
cathédrale Saint-Étienne possédant la plus grande surface vitrée d’Europe, pour mettre en valeur les maîtres-verriers qui, par leur technique, leur savoir, leur inspiration, ont offert à la France la moitié des vitraux recensés dans le monde entier ? Du XIIIe siècle au XXIe siècle, chacun est représenté au sein de cette collection de vitraux à laquelle ont contribué les plus grands artistes de leur temps.

À travers les siècles, toutes les époques l’ont marquée de leur génie, toutes l’ont enrichie et embellie. Les artistes contemporains se sont insérés avec virtuosité dans cet ensemble, pour continuer à faire vivre cet héritage. Villon en 1957, Chagall en 1959, Bissière en 1960, et aujourd’hui à Kimsooja, il s’agit de remettre notre patrimoine en valeur par le travail de grands artistes contemporains.

Il ne fut pas toujours facile de faire accepter ces choix audacieux, et c’est au terme d’un véritable
combat du ministre de la culture d’alors, André Malraux, que les premiers vitraux abstraits furent
posés dans une cathédrale française ici, à Metz.

Peut-être est-ce ce travail d’enrichissement continu qui rend la cathédrale Saint-Étienne si vivante. Il suffit ainsi de passer quelques minutes sur la place de Chambre pour se rendre compte qu’elle n’est ni un tombeau ni un musée, mais un lieu de vie et de beauté, et, je peux le dire en terre concordataire, un lieu de prière et de recherche de l’essentiel.

L’événement qui nous réunit est l’occasion de saluer le travail d’une artiste de renommée internationale, Kimsooja, qui a conçu ces nouveaux vitraux pour la cathédrale Saint-Étienne, et de mettre en valeur la commande publique artistique dans l’espace public, clef de voûte de la politique culturelle française dans le domaine des arts visuels.

Par ces commandes, l’Etat entend rapprocher les citoyens de la création artistique la plus exigeante tout en faisant vivre l’art sur les territoires. Cette volonté de mettre en avant la création contemporaine dans des lieux patrimoniaux a été rappelée par la ministre de la Culture, Mme Abdul-Malak, dès son arrivée au ministère.

Kimsooja, artiste pluridisciplinaire qui a représenté son pays, la Corée du Sud, dans les plus importantes manifestations d’art contemporain a conçu les vitraux de la cathédrale de Metz ; cela illustre les excellentes relations culturelles de la France et de la République de Corée. L’artiste connaît d’ailleurs bien la France du fait de son parcours étudiant mais aussi des différents projets qui ont scandé sa carrière, en l’amenant à Metz une première fois, au Centre Pompidou.

Son œuvre est également le fruit d’une collaboration fructueuse avec le secteur des métiers d’art. La fabrication des vitraux a été réalisée en Côte d’Or par l’atelier Parot, dirigé par Pierre-Alain Parot, finaliste en 1976 du concours du meilleur ouvrier de France. Cet atelier réputé pour son savoir-faire et son professionnalisme intervient régulièrement pour la création et la restauration de vitraux dans les monuments historiques de renom.

Une telle réalisation procède également de l’engagement des services de l’État en charge de la création et des monuments historiques, en relation étroite avec l’architecte en chef des monuments historiques et les entreprises. Ils ont accompagné toutes les étapes de la conception et de la mise en œuvre du vitrail, validée par des commissions spécialisées exigeantes et nécessitant des études et travaux d’accompagnement.
L’œuvre que nous inaugurons est ainsi le fruit d’une alliance réussie entre le « meilleur » de la création internationale et les savoir-faire locaux d’excellence. Cette création d’ampleur met en valeur le patrimoine architectural et spirituel et ouvre de nouvelles perspectives pour une ville et un département aux nombreux atouts culturels, qui suscitent et retiennent l’attention des touristes et des médias.
Cette œuvre que nous admirons aujourd’hui, en prélude aux journées européennes du patrimoine qui auront lieu cette fin de semaine, contribuera, à n’en pas douter, au développement du tourisme culturel et patrimonial, facteur d’attractivité et de notoriété encore accrue pour Metz, pour la Moselle et pour la région.

Nous sommes tous ici d’humbles passeurs, fiers d’un magnifique patrimoine reçu et transmis, malgré les vicissitudes de l’Histoire. Chaque génération ajoute son œuvre au patrimoine légué par les précédentes, en essayant d’agir avec harmonie, goût et audace.

C’est un beau témoignage aujourd’hui de la vitalité du patrimoine, qui n’est pas un trésor figé ; cette cathédrale qui a traversé les siècles en est le témoin.