Questions à Jeanne Jattiot, stagiaire INSP (ex-ENA) à la préfecture de la Moselle

Mis à jour le 15/03/2023
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© Jeanne Jattiot

Quels sont les temps forts de votre parcours professionnel ?

J’ai rejoint la ville de Paris comme attachée des administrations parisiennes en 2004. C’est un concours spécifique, ni fonction publique d’État, ni fonction publique territoriale, hérité du statut particulier de Paris, qui, jusqu’en 1977 n’était pas une commune de plein exercice mais qui était alors administrée par l’État.

J’ai occupé à la ville de Paris plusieurs postes, principalement dans le domaine du logement et de l’urbanisme, enjeu majeur pour la capitale où les prix de l’immobilier, tant pour louer que pour acheter, atteignent des niveaux inabordables pour la plupart des Parisiens.

J’ai ensuite intégré le secrétariat général de la ville de Paris, où je me suis notamment occupée de la création de nouveaux centres d’hébergement temporaires et d’accueil de migrants et de réfugiés, en lien étroit avec la préfecture de Paris pour coordonner les évacuations des campements. Cela m’a conduit à rejoindre le cabinet de la maire de Paris à la fin de l’année 2016, où j’étais en charge de toutes les questions de logement et d’hébergement.

J’ai ensuite pris la tête du service de gestion de la demande de logement en 2019, soit 130 agents qui accueillent et conseillent les demandeurs de logement en guichets, ou qui désignent les candidats aux logements sociaux. C’était un poste exigeant et passionnant, où les agents sont soumis à des pressions constantes et où nous devons collectivement allier rigueur, impartialité, absolue équité et transparence, tout en restant humain face à des situations personnelles dramatiques.

Vous avez mené votre carrière dans le public, qu’est-ce qui a guidé votre choix ?

Ma toute première expérience professionnelle, dans une entreprise privée au début des années 2000, m’a permis par contraste de découvrir à quel point j’aspirais à travailler pour le bien commun plutôt que pour des intérêts privés dans lesquels je ne me reconnaissais pas. J’ai donc choisi au bout d’un an de démissionner et de passer les concours administratifs. Il y a une grandeur à servir nos concitoyens, à rechercher l’intérêt général, qui est un puissant moteur et une motivation dans mes choix de carrière. J’aime rester en contact avec l’opérationnel et apprécier directement le résultat concret des décisions administratives que nous prenons.

Vous êtes actuellement en stage à l’INSP. Quel cursus avez-vous retenu et vers quoi débouchera-t-il ?

J’ai été admise au tour extérieur des administrateurs à l’INSP, car les administrateurs de la Ville de Paris partagent la même formation que les administrateurs de l’État, soit en formation initiale ou en accès au tour extérieur comme cela a été mon cas. Cette particularité est elle aussi héritée de l’histoire de la collectivité parisienne. Mais la différence avec mes collègues de l’État qui ont déjà été affectés sur leur nouveau poste d’administrateur dans un ministère, je retourne à la Ville de Paris en septembre, sur un poste d’administratrice que je ne connaîtrai qu’en juin. Le suspens est total, mais ce parcours me donne à terme accès en mobilité à tous les postes d’administrateurs de la fonction publique d’État ou territoriale.

Qu’est-ce qui vous a conduite en Moselle ?

Je souhaitais aborder lors de mon stage des problématiques vraiment différentes de celles que j’ai connues professionnellement à la Ville de Paris, donc un stage au sein d’une préfecture et en dehors d’Ile-de-France étaient deux évidences pour moi. Par ailleurs, mes attaches familiales sont lorraines, mon grand-père était vétérinaire rural en Meurthe-et-Moselle : il était naturel pour moi de mettre les préfectures de Metz et Nancy en tête de mes souhaits d’affectation, sachant que c’est l’INSP qui prend la décision finale. Mon cursus universitaire franco-allemand plaidait également pour une affectation en Moselle, où les enjeux transfrontaliers sont majeurs.

Changement d’échelle pour vous qui venez de la mairie de Paris qui compte 50 000 agents alors que les services de l’État en Moselle en comptent 800. Quelles différences ou quels points communs pourriez-vous mettre en avant entre ces deux environnements ?

À ces échelles d’effectif, 50 000 ou 800, la limite est la même pour la taille des équipes opérationnelles et le nombre de personnes avec qui on interagit au quotidien. Par ailleurs, les services de l’État en Moselle s’inscrivent également dans l’organisation plus générale des services de l’État au niveau national, avec les avantages mais malheureusement aussi les inconvénients des grandes structures. Je retrouve donc de grandes similitudes dans l’organisation des services et des circuits de validation, dans la complexité des acteurs et des procédures à coordonner entre les différents échelons. En revanche, les compétences des deux entités sont par définition très différentes, et les modalités d’exercice des pouvoirs régaliens de l’État, en particulier les forces de sécurité intérieure, sont une grande nouveauté pour moi : la loi ne permet à la Ville de Paris d’avoir une police municipale que depuis 2020, notre culture de la sécurité publique est donc toute récente. Le stage que j’effectue auprès du préfet de la Moselle, Laurent Touvet, est à ce titre particulièrement enrichissant.